Manifeste pour la Sologne

Je ne suis pas née en Sologne mais j’y vis depuis plus de 70 ans et j’habite Romorantin. Dans les années 50 la Sologne semblait tranquille mais la chasse y régnait déjà chez les propriétaires de châteaux et de grands domaines. Le Solognot, habitué à courber l’échine comme le garde-chasse, casquette à la main devant le « Patron », subissait sa condition d’exclu de la Sologne. Il a fallu l’après 68 pour que les choses changent : le combat de certaines municipalités rurales contre l’annexion des chemins communaux par les grands propriétaires, la lutte contre les grillages avec les actions tenailles » par de petits groupes de militants bientôt nommés « gauchistes ».

Nous sommes en 2025. Les choses ont-t-elles évolué ? Oui et le pire est là. Les ultra-riches veulent prendre possession de la Sologne et de gauchistes nous sommes devenus écoterroristes.

ROMORANTIN. Municipalité macroniste. Opposition inexistante. Population vieillissante. Désert médical.Peu de transports en commun. Stationnements difficiles. Peu de pistes cyclables. Trop d’artificialisation des sols dans les quartiers rénovés. Agriculture en souffrance (bio).

SOLOGNE. Accaparement par les ultra-riches (chasse). 23 grandes propriétés de 1 000 ha et plus (Bouygues, Vuitton, Dassault …) Chemins communaux vendus par certaines municipalités. Propriétés entièrement grillagées. Le Solognot dépossédé de son territoire.

Comment résister ?

Trop de Solognots sont indifférents à la montée de l’extrême droite et même certains y adhèrent.Danger de l’endormissement : « Tout peuple qui s’endort en liberté se réveillera en servitude » (Alain).

S’informer. Informer ses proches. Ecouter son interlocuteur même s’il n’a pas les mêmes opinions que vous. Ne pas ajouter le mépris au mépris. Soutenir ceux qui dépriment devant l’extrême droite. S’engager dans le collectif, (associations diverses), se syndiquer pour les actifs, soutenir la presse engagée, les journalistes parfois menacés de mort,  le travail de création des écrivains, poètes, artistes (théâtre, cinéma) qui parlent de notre démocratie en danger, des violences faites aux femmes, aux opprimés, aux émigrés, luttent contre la force pour le droit…

Parmi d’autres, deux grandes associations vivent en Sologne(culture et écologie)

L’Union pour la Culture Populaire en Sologne (UCPS) créée en 1981, 48 associations adhérentes. découverte et mise en valeur du patrimoine, multiples actions culturelles, théâtre, musiques, contes, danses, artisanat divers, vaste réseau de bénévoles pour porter les valeurs de la culture populaire.

Sologne Nature Environnement (SNE) créée en 1984, 300 adhérents. Le but, sensibiliser les habitants de la Sologne à l’environnement, à la biodiversité par des randonnées nature, sorties naturalistes, découvertes nature, ateliers, actions de sauvegarde et de protection de la flore, de la faune et des milieux.

Nous ne voulons plus du passé de colonisé de la Sologne revendiqué aujourd’hui par l’extrême droite, nous voulons une Sologne qui lui tienne tête politiquement, une Sologne qui soit capable de faire vivre une agriculture responsable, une Sologne qui pratique le « vivre ensemble » et porte des valeurs humanistes.

Un dernier mot, il sera poétique avec l’écrivain René de Obaldia et le poète Julos Beaucarne qui ont rêvé d’une Sologne imaginaire peuplée de loups…

La Sologne

Vivement mes dix ans,
Ah cogne, mon cœur cogne !
Vivement mes dix ans
Pour aller en Sologne

En Sologne la neige
Tombe jusqu’au mois d’août
On y chasse en cortège
On y chasse le loup

Des loups qui sont tout blancs
Mais avec des dents noires
Leur pattes de devant
Ecrivent des histoires

En Sologne, il y a
Princesses et Troïkas
C’est un peu la Pologne,
Mais en plus délicat

Loups et princes sans cesse
Font que fatalement
Surgissent des princesses
Aux plus petits moments

Des princesses de neige
Avec des yeux de loup
Qui vous passent en rêve
Leur bras autour du cou

L’une vers moi s’avance
Et me dis en dormant :
« Petit homme de France
Tu seras mon amant »

Ah ! viennent mes dix ans
Et bien plus d’avantage
Qu’un tel frémissement
Fasse avancer mon âge !

Dans les foret perdues
Quelque part en Sologne
Mon cœur déjà fendu
Bat pour les autochtones

Mon corps sous les étoiles
Grandit à pas de loup
Ma princesse-sans-voiles
Dormez ! je suis à vous

Je serai fort et brave
Et vous prenant la main
Légers et pourtant graves
Irons par les chemins

Les longs chemins d’automne
Qui mènent au ronds-points
Ou les loups de Sologne
Viennent lécher nos mains.